House of Leaves (La maison des feuilles) – Mark Danielewski

Ce roman me parlait depuis une éternité. Vous savez comment j’aime les affaires bizarres, les constructions folles et les récits enchassés. Bref, j’attendais le bon moment et finalement, j’ai fait n’importe quoi, je l’ai acheté quand Séverine en a parlé, pour réaliser ensuite qu’elle voulait le lire en LC… en novembre. Vous imaginer que moi, la fille qui garde les livres 10 ans dans sa pile, j’étais INCAPABLE d’attendre plus de 4 jours pour le lire hein! Ouais, j’ai l’esprit que j’ai l’esprit de contradiction. Alors je l’ai lu.

De quoi ça parle

Oh. Boy. Ok. J’essaie d’expliquer. Nous avons donc une histoire à trois niveaux. D’abord, l’histoire de Navidson, un cinéaste qui emménage dans une maison qui, étrangement, semble bigger on the inside. Il va donc documenter ses explorations dans la maison et, bien entendu, ça ne va pas du tout bien aller. Il va en faire un film devenu culte. C’est, mettons, l’histoire principale. Mais Navidson n’est PAS le narrateur principal!  C’est plutôt Johnny Truand (ou Errand, dépendant de la langue), qui a trouvé par hasard un manuscrit colligé par Zampano un vieil homme aveugle, qui a écrit pendant des années un livre sur le dit documentaire, avec force notes de bas de page. Et lui, Johnny, va tenter de le faire publier, tout en y laissant sa santé mentale. Avec tout autant de notes de bas de page. Ah oui, je vous ai dit que, même dans le roman, le documentaire de base n’existait pas?  

Mon avis

Weird?  Oui, weird. Très very weird. Je suis certaine que c’est ce que vous vous dites en lisant ce résumé. Et vous auriez raison. Toutefois, c’est le truc le plus bizarre, le plus extraordinaire et le plus déroutant que j’ai lu depuis longtemps. Genre, vous savez le genre de roman duquel il est impossible de faire un avis construit, mais pour lequel vous vous dites qu’il VA faire partie de vos favoris de 2022 alors qu’on est en février? C’est ce genre de livre. Magistral pour l’amatrice d’oeuvres ahurissantes, longues (739 pages en anglais et, je pense, plus de 1000 pages en VF) et « twisted » que je suis. 

Autour de ce reportage qui apparaît dès le début fictif va se créer tout un mystère, un culte, et tous ceux qui semblent s’y plonger y laissent leur santé mentale. Dès lors, on se retrouve dans une fantasmagorie assez particulière, alors que tout le monde, même après, même à distance, semble être envahi par cette maison… qui n’existe pas. Qui existe, finalement?  On se le demande. 

On me l’a décrit comme un roman d’horreur mais je n’ai pas eu peur. C’est extrêmement anxiogène par contre et il faut accepter de ne pas comprendre, de partir à la découverte de cette maison qui n’est jamais la même et qui rend fou. J’ai été assez très intriguée par cette fascination car après tout, on lit un documentaire sur un documentaire, avec des notes de bas de pages… et des notes de bas de pages sur les notes de bas de page. C’est exigeant, il y a des mots dans tous les sens et surtout, surtout, dans les périodes d’exploration, la mise en page réussit à recréer ce labyrinthe, ce rythme cinématographique qui hypnotise. C’est d’une originalité folle et ça nous happe, quand on réussit à rentrer dedans… et qu’on accepte de voir apparaître, soudainement, un exposé sur les échos ou la philosophie. Moi, je trouve ça génial. I’m a sucker pour les notes de bas de page. (Et je l’ai lu en quoi… 5 jours… c’est demandant mais ça se lit, quand même). Et le Halloway tape… magistral. 

On peut lire certaines parties séparément mais pour ma part, j’ai adoré le tout, la réflexion sur la santé mentale, sur la réalité. J’adoré les codes et les easter eggs cachés partout, ça me fascine. Les lettres, dans les annexes, sont magnifiques et cette évolution est géniale et nous permet de mieux comprendre le personnage de Johnny qui est ma foi… déconcertant. De plus, l’évolution de la relation entre Karen et Navidson est très bien décrite, sans réel parti pris. Tant d’incompréhension malgré tant d’amour… 

Une expérience de lecture que je ne recommanderais pas à tout le monde, clairement pas. Mais si vous avez envie d’une expérience de lecture complètement déjantée, go for it… et revenez me voir pour m’en parler! Vous ne voulez même pas savoir le nombre de théories abracadabrantes qui traversent mon petit cerveau étrange!

4 Commentaires

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  1. Comme toi, cela fait quelques années qu’il attend son tour patiemment sur une étagère. Il faut dire que ce n’est pas le genre de bouquin que tu peux lire un peu de temps en temps, voire dans les transports en commun. Il faut avoir devant soi pas mal de temps (enfin, en ce qui me concerne) à lui consacrer en exclusivité. Ce qui explique qu’il attende toujours son tour.
    Coïncidence, Monsieur Toussaint Louverture s’apprête à en publier une version en tout point fidèle à la version originale (que tu as lue), ce qui, apparemment n’était pas le cas avec la version parue chez Denoël (et qui se monnaye des fortunes sur le marché de l’ occasion).

    1. Oui j’ai vu ça pour Monsieur Toussaint Louverture. Quelle bonne nouvelle. Et oui, l’édition Denoël avait sauté des détails de mise en page que je trouve importants. Tu as tout à fait raison, il faut avoir le temps et avoir le goût de se casser la tête!

  2. Des théories abracadabrante à la lecture de ce livre ? Voilà qui m’intrigue….

    1. Sérieusement, c’est un véritable casse-tête ce roman.

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