L’aventure des langues en occident – Henriette Walters

l-aventure-des-langues-en-occident.jpgPrésentation de l’éditeur

« Du manxois à l’italien, de l’allemand au sarde, du portugais au néerlandais et au schwytzerbtütsch, une centaine de langues, régionales ou internationales, enseignées ou méconnues, officielles ou non, sont parlées aujourd’hui en Europe.

 

C’est au cœur de cette prodigieuse richesse que nous entraîne ici, en linguiste érudite et en exploratrice passionnée, l’auteur du Français dans tous les sens. Et c’est bien une aventure qu’elle nous conte, commencée il y a sept mille ans, et dont les péripéties sont des migrations, des conquêtes, des flux commerciaux, ou encore des édits décrétant la vie ou la mort d’un idiome…

 

On découvrira au fil de ces pages, les cent noms des pâtes italiennes, l’origine viking du  » rugby « , la raison linguistique pour laquelle les Allemands ne se coupent jamais la parole… Et mille autres secrets et surprises de ces langues qui composent, en somme, une civilisation. »

 

Commentaire

Hmmmm… je sens que je vais pas-sion-ner les foules avec ce billet!  Notez l’ironie, please.   Pourtant, ce serait dommage de passer à côté de ce livre parce que ce n’est pas un roman.  Il ne faut pas s’imaginer que ça ne raconte rien du tout.   En fait, ce livre raconte une histoire passionnante, celle de l’évolution des langues en Europe occidentale.  Ben quoi, moi, ça m’intérese!  En fait, étant donné le domaine dans lequel j’ai étudié, le contraire serait étonnant.  Voire légèrement problématique!

 

Soit, c’est un essai.  C’est instructif (nooon, ne vous sauvez pas tout de suite) mais ça se lit comme un roman et c’est fascinant.  L’auteure réussit à rendre la matière facilement accessible sans pour autant être simpliste.   Soit, c’est la base.  Je savais déjà plein de choses qui sont expliquées ici, surtout pour le français, mais je ne me suis pas ennuyée une seule minute. 

 

Toujours en lien avec la migration des populations et l’histoire, l’auteure nous parle du portrait linguistique – probable – de l’Europe de l’Antiquité  jusqu’à nos jours.  On nous parle des langues grecques, celtes, latines et germaniques, toujours en expliquant leur évolution, tant au plan phonologique, morpho-syntaxique que lexical.  Bon, surtout lexical, en fait.  L’auteure se contente de nous donner les les détails les plus percutants mais pour ce type d’ouvrage général, ça suffit largement.

 

Ne vivant pas en Europe, j’ai été fascinée par toute cette diversité linguistique, par cette évolution qui ne suis pas toujours les frontières, par ces enjeux politiques qui a façonné l’univers linguistique des peuples.  Et bizarrement, j’ai été attristée par la disparition de certaines langues régionales, étonnée de voir que des langues qui avaient une importance capitale à certaines époques avaient aujourd’hui presque complètement disparu sans laisser de descendance.   Et ce qui est fascinant, ce sont les emprunts, les évolutions.  Voir comment les langues intègrent des mots étrangers à la leur, comment ces mots se modifient, autant sur la forme que sur le sens, et comment ils sont parfois réempruntées par la langue d’origine.    Bref, j’adore ce genre de truc.  L’étymologie m’a toujours fascinée… et je réalise que c’est encore le cas.   Et ça m’a permis de réaliser que je me rappelais quand même assez bien de mon latin de secondaire.  D’ailleurs, parlant de latin, on m’a brutalement rappelé que le latin que j’ai appris à l’école n’était déjà plus celui que parlaient les romains dans Asterix.  (Oui, je sais, on a les références qu’on peut).  En fait, cette langue qui a été si longtemps celle de l’Eglise avait évolué de façon impressionnante… depuis très très longtemps. 

 

Que dire d’autre… J’ai appis que le basque était une langue autre qu’indo-européenne (étrange, quand même… serait-ce un coup du Docteur?), que Cheapside, à Londres (quoi, vous ne connaissez pas Cheapside?  La rue où habitent l’oncle et la tante Gardiner dans Orgueil et préjugés et qui choque tant Caroline Bingley?) ne voulait pas dire « quartier cheap, pas cher », comme je le croyais mais venait plutôt  du latin « caupo » qui signifie « cabaretier, aubergiste » (le tout dû à une évolution de la langue qui a transformé les /k/ en « ch »).  J’ai compris pourquoi il y avait tant de mots en anglais (qui définitivement a une évolution vraiment particulière) ainsi qu’appris certains fondements des autres langues germaniques auxquelles je ne connais rien.  Je me suis passionnée pour le chapître sur le portuguais (suite à une visite à Lisbonne, j’avais harcelé ma copine Carine pour qu’elle m’apprenne des mots) et j’ai réalisé à quel point ma vision d’avant était réductrice.  Et les exemples et les anecdotes… j’adore! 

 

On parle très peu du français québécois (et bon, ça date un peu… il y a même une expression que je ne connaissais pas), ce qui m’a un peu déçue.  J’aurais aimé en lire davantage.  Par contre, il y a des distinctions intéressantes (bien que non-exhaustives) entre les anglais des États-Unis, du Canada, de l’Angleterre et de l’Écosse.   J’ai un autre livre de l’auteur dans ma pile (encore la faute de Yueyin), qui parle du français et de l’anglais… peut-être en apprendrai-je davantage dans celui-là!

 

À conseiller donc.  À tous ceux qui s’intéressent au langues.

50 Commentaires

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  1. L’histoire des langues, c’est passionnant!  J’ai lu il y a plusieurs années un livre sur les liens et emprunts entre l’anglais et le français au cours des siècles, c’était fascinant! Mais comme c’était pré-blogue et que j’ai une mémoire en fromage suisse, je ne me souviens ni du titre ni de l’auteur…

    1. Grominou: Je suis tout à fait d’accord, c’est fascinant!  Le livre, ce ne serait pas « Honni soit qui mal y pense », du même auteur?  Il est dans ma pile et ça traite exactement de ce sujet. 

  2. Le sujet m’intéresse! J’ai d’ailleurs lu ce livre il y a très longtemps, je sais qu’il est très bien fait, avec les petits encadrés qui aident à la lecture; chez moi j’ai un mini regroupement de quelques livres autour de ce sujet, tu vois!

    1. Keisha: J’ai aussi quelques livres sur le sujet… tu m’en conseillerais un en particulier?

  3. Je trouve ça aussi super intéressant et je n’avais jamais vu ce livre. 

    1. Manu: C’est Yueyin qui m’a conseillé l’auteur.  C’est simple, accessible et vraiment intressant.

  4. un autre mot d’origine viking ? « ring » !!!!!

    assemblée en rond où se réunissaient les Vikings pour prendre les décisions…

    1. Lysting: Comme dans celui de Wagner :))

  5. J’ai adoré ce livre, et j’aime en général les écrits de Madame Walters. Ils donnent des arguments pour rabattre le caquet des intégristes de la langue académique.

    A bientôt Madame Karine:)

    1. Mr Kiki: Je trouve aussi.  Et c’est passionnant de voir tous les emprunts, les remprunts et les évolutions.  À bientôt et bonnes vacances à vous tous!

  6. Je suis tout à fait capable de lire un tel livre 😉 (plus sérieusement je trouve ce sujet tout à fait digne d’intérêt). Tu me rassures d’ailleurs sur certains de mes choix ‘limite’ :p

    1. Kroustik: Disons que les choix « étonnants » sont ce qui fait la particularité de chaque lecteur!  J’aime lire là-dessus!

  7. très intéressant, je le lirais bien je suis sûre que j’apprendrais plein de trucs 🙂

    1. Aymeline: Et ça fait surtout voir les choses différemment.  Par rapport à toutes les langues et à leur évolution avec le temps.

  8. Un livre intéressant, effectivement ! Par contre je suis surprise qu’il n’y ait qu’une centaine de langues et dialectes en Europe, j’aurais pensé qu’il y en avait bien plus. Bon weekend.

    1. Catherine:  Je pense que d’après ce que j’ai lu, c’est l’Afrique qui a le plus de langues.  Ca dépend aussi toujours de ce que tu considère comme un dialecte et comme une langue.

  9. L’Héritière est une vile tentatrice mais bon les (jolies) pommes ne tombent pas très loin du (beau) pommier. J’en ai déjà lu un de cette linguiste il y a un quart de siècle et j’en ai ramené 2 de ma visite à l’O.B. dont celui-là. Penses-tu qu’elle possède des actions de ce lieu de perdition ?

     

    Le Papou

    1. Le Papou:  hahaha, je ne sais pas du tout.  Mais elle devrait en négocier, en tout cas!  J’ai aussi ramené Honni soit qui mal y pense et une histoire de la langue française!  Bonne journée, monsieur le pommier!

  10. Honni soit qui mal y pense… Ah mais oui, c’est exactement ça! Quel adon!!

    1. Grominou:  J’ai bien intention de le lire bientôt, en plus.  Yue m’a aussi dit qu’il était très bien!

  11. Du même auteur, bien sûr, car elle en a écrit pas mal, ou alors Claude hagège (le souffle de la langue, par exemple) ou Marina yaguello (catalogue des idées reçues sur la langue) Rien de récent, mais du bien intéressant.

    (ah tu voulais des idées lecture… )

    1. Keisha: Oui, je sais, j’ai demandé!  Je note tout ça, of course!

  12. Dès que j’ai vu le titre, je me suis précipitée pour lire ton billet (non, je n’ai pas fui et étais passionnée avant même de commencer à lire ton avis ^^) : comme toi, ce serait dommage qu’avec les études que je fais, je ne m’intéresse pas un peu au sujet. Je craignais un peu de n’y retrouver que des éléments que je connaissais déjà, mais il semble très complet donc je note ! Moi qui ai regretté la piètre qualité de mon cours sur les langues romanes, ce sera l’occasion d’y remédier et surtout d’en apprendre plus sur les autres langues d’Europe, dont le hongrois (j’ai réussi à m’enticher de la seule langue non indo-européenne d’Europe, la seule que je n’avais aucune chance d’étudier en détail dans mes études)

    1. Minou: On parle très peu du hongrois, en fait… un petit chapitre.  Ça ne va pas suuuper loin mais je trouve que ça se lit comme un roman et que c’est super intéressant!

  13. il n’y a pas que le hongrois, aussi le basque qui a une origine très très mystérieuse

    parmi les livres sur le sujet, outre ceux que cite Keisha, il y a Histoires de mots, étymologies européennes de Louis-Jean Calvet

    bonnes lectures

    1. XL: Oui, on parle aussi du basque dans ce livre.  Très mystérieux, en effet.  Je vote piur l’hypothèse des extraterrestres! ;)))  Merci pour la référence, je note!

  14. j’ai lu ce livre à sa sortie, mais entretemps des linguistes m’ont dit qu’il avait beaucoup vieilli – ceci dit, comme toi, je le recommande lorsqu’on s’intéresse aux langues 

    1. Niki: J’ai lu aussi ces remarques sur internet, que c’était un peu daté.  Mais pas grave.  Ça donne quand même un bon aperçu d’ensemble.  Et bon, comme la langue, la linguistique évolue, n’est-ce pas!

  15. Ça m’intéresse fortement, bien sûr, mais j’ai cru voir que c’était un peu pavéesque ? Je m’y plongerai certainement dès que je serai dans une période moins chargée en tout cas !

    1. A girl from earth: Non, pas vraiment pavé… en tout cas, ça se lit tout seul!

  16. Je l’ai noté depuis une éternité ! Mais si, c’est intéressant, très intéressant même ! 

    1. Kathel: Je suis ravie de voir que ce livre intéresse les gens!  Je n’aurais pas cru.  Mais l’histoire des langues, c’est quelque chose qui me passionne!

  17. Ce livre a l’air vraiment intéressant, c’est le genre de chose que j’aime lire également.

    1. Christelle: Oui, et ce n’est pas trop complexe.  Ca ne m’a donné l’impression de lire un livre d’école, ce qui est un net avantage!

  18. Si, si : ce billet me passionne ! Ce livre me rappelle de beaux souvenirs : j’avais dû le lire en classe de traduction.  Tu me donnes envie d’aller le repêcher dans mes étagères et de le relire.

    1. Aline: C’est une lecture obligatoire drôlement intéressante, en tout cas!

  19. c’est un sujet qui m’intéresse aussi beaucoup ! Et comme tu peux le constater sur mon blog, en ce moment je lis beaucoup d’essai et de non fiction alors je devrais noter celui ci !!

    1. Emeraude: Oui, j’ai pu voir ça!  J’ai autre chose de l’auteur chez moi, j’en reparlerai sans doute bientôt!

  20. Je l’avais lu à l’adolescence, ça m’avait passionnée (surtout cette affaire de la langue basque)! Je l’ai récupéré il y a 2 ou 3 ans chez ma mère dans l’idée de le relire un jour histoire de me rafraîchir les souvenirs.

    1. Kali: La langue basque est définitivement un mystère!  Je vote pour la thèse des extra-terrestres!

  21. J’aime beaucoup cette auteure. Et je l’avais déjà vu en conférence à Montréal il y a quelques années. Très intéressante. J’ai quelques ouvrages d’elle que je feuillette de temps à autres, Le Dictionnaire des mots d’origine étrangère et Le Français d’ici, de là, de là-bas, mais je ne les ai jamais lus d’un bout à l’autre. Quand tu décidras de lire ton autre, dis-le-moi. On sera fera une mini LC 🙂

    1. Mélodie: Parfait, je te ferai signe! 🙂    J’aurais bien aimé la voir en conférence!

  22. À l’hiver, j’ai suivi un cours à l’université sur l’Histoire de la langue française, et j’ai trouvé cela fascinant. Le nom d’Henriette Walters est revenu à plusieurs reprises et depuis, j’ai lu Honni soit qui mal y pense et commencé celui-ci.

    Il s’agit d’une lecture enrichissante à mettre entre toutes les mains!

    1. Maribel: J’ai Honni soit qui mal y pense dans ma pile.  Je pense bien le lire bientôt!  Et je suis tout à fait d’accord pour mettre en toutes les mains.  C’est super accessible.

  23. Bon sang, mais oui, si le Basque n’est pas indo-européen, c’est un coup du docteur !

    1. Alex: Tout à fait!  CQFD!

  24. Pour avoir souffert des années sur l’allemand, je pense savoir pourquoi on ne peut pas se couper la parole… même que lorsque tu construis péniblement ta phrase, tu ne sais plus ce que tu voulais dire à la fin, au moment de lâcher, enfin (!), le verbe .

    Pour le reste, je ne suis pas une grande fan de l’auteur. Pour être honnête, je la trouve soûlante. De mon côté, j’ai commencé en juillet un livre de linguistique centré sur le français en Europe (et, depuis, je me suis mise en tête d’apprendre le danois ). Bref, c’est un domaine qui m’intéresse même si je n’ai pas du tout fait d’études en la matière, mais c’est vrai que j’ai du mal avec Henriette Walters.

    Dommage pour le français du Québec en effet ! Il mériterait un ouvrage dédié, non ?

    1. Flo: Oh my, morte de rire pour l’allemand!  Je n’ai jamais appris de langues vivantes à l’école (je parlais déja bien anglais) mais le latin est venu tout seul… la chance!

       

      Quant à Walters, j’ai pour ma part bien aimé. On verra ce que je pense de son autre livre qui est dans ma pile.  Et je pense aussi que le français québécois mériterait un livre à lui tout seul.  Probablement qu’il existe mais il me reste encoe à le dénicher!

  25. J’ai toujours adoré apprendre des langues étrangères VIVANTES (donc le latin, je ne te fais pas de dessin…). L’anglais est venu tout seul également et je crois que c’est cela qui m’a donné envie d’apprendre d’autres langues. Aujourd’hui encore, j’ai quantité de projets d’apprentissage de langues étrangères (en outre, plus tu en apprends, plus c’est facile). Je fais une liste pour la retraite 😉

    Si tu déniches un livre sur le français du Québec, ça m’intéresse. En parlant de Québec, je me tâte encore pour savoir si je participe à ton projet pour septembre. J’en ai très envie mais ma PAL québécoise est microscopique alors je n’ose pas piocher dedans :S Si le dernier Turcotte sort en France, alors j’arrêterai * peut-être * de bouder ! Quant au stock de la biblio, ce sont toujours les mêmes « classiques » qui ne me tentent pas.

    1. Flo: si tu te décides pour québec en septembre, tu m’avertis ;))  Je vais espérer que le Turcotte sorte!  Moi aussi j,ai plein de projets d’apprentissage hein…   Il faut juste que je me décide.  De commencer par lespagnol, au moins! 

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