Ce qui ne tue pas – Emilie Turgeon

Ce-qui-ne-tue.jpgJe vous ai déjà dit tout le bien que je pense de la collection Tabou, chez les Éditions de Mortagne.  C’est de la littérature pour ados avec – du moins, je le pense – un objectif à la fois littéraire et éducatif.  Mais rassurez-vous!  Rien de martelé ici.  On ne vous fait pas une morale à 5 cennes.  Jamais.  Mais on retrouve des ados, des ados très très vrais,  dans des situations difficiles ou juste… des situations de l’adolescence.   Pour ceux que j’ai lus, on ne tombe jamais dans le sweet happy tout est parfait et ça va s’arranger comme dans le meilleur des mondes.   Les jeunes évoluent dans un parcours réaliste et dans un monde où personne n’est parfait. 

 

Bref, j’aime la collection. 

 

Et ce roman-ci ne fait pas exception. 

 

Le roman s’ouvre dans une chambre d’hôpital, sur Lili, 19 ans.  Le seul problème, c’est qu’elle ne devait pas se réveiller.   Avec Frankie et Liz, ses deux meilleurs amis, ils avaient choisi de mourir ensemble, de tout laisser derrière, parce qu’ils ne veulent plus de cette vie. Mais voilà, Lili n’est pas morte elle.  Mais elle est seule, seule et blessée, elle doit tout réapprendre.  À marcher, à être autonome, mais surtout à vivre.  Et à vivre avec son secret : ce n’était pas un accident.

 

C’est donc d’un pacte de suicide qu’il s’agit.  Qui a raté pour Lili. Elle se retrouve donc devant des parents épuisés, une soeur aînée trop parfaite… et un long processus de rééducation.  Seule. 

 

Inutile de dire que ce roman m’a énormément touchée.  J’ai eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises, pour des conversations qui semblent toutes simples ou encore lors des moments où l’héroïne réalise certaines choses.  Au départ, Lili n’est pas une gentille ado attachante.  Elle est en colère, elle en veut au monde entier, elle est sarcastique et ne voit qu’un côté des choses: le sien.  Elle ne va pas devenir une jeune fille parfaite, loin de là, mais elle va tout doucement sortir de l’adolescence… ou du moins essayer.    J’ai énormément aimé les réactions de son entourage, qui essaie fort fort mais qui restent quand même avec leurs propres problèmes, leur propre humanité.    Un très beau roman, qui sonne juste. Même si Lili est parfois détestable, j’ai réellement eu de la peine pour elle.  Et de l’espoir, aussi.

 

Mon bémol (parce qu’il m’en faut bien un hein), concerne la réadaptation de la jeune fille.   Plusieurs le savent, je bosse en réadaptation.  Pas avec cette clientèle spécifique mais quand même, je sais comment ça fonctionne.  Du moins, chez nous.  Et là, je suis consciente que ma comparaison est biaisée et que peut-être que ce n’est pas partout comme ça au Québec, mais pour ma région, ce n’est pas super crédible comme services.  Une blessure orthopédique grave, un TCC avec des troubles cognitifs, une blessure à la colonne cervicale (pas légère… disons qu’elle est TRÈS chanceuse), et tout ce qu’elle a, c’est de la physio trois fois par semaines, deux heures par séance?   Pas d’éval cognitive, rien?  Pas de TS pour sa famille?  Et le tout à domicile en plus (sérieux, jamais on ne fait de suivi complet à domicile en réadapt dans ma région quand ils peuvent se déplacer… c’est un peu trop coûteux en terme de temps, surtout quand, comme dans ce cas, il ne s’agit pas de travailler avec le contexte de la maison… bref, je passe…).  Sur ça et une autre trame dont je ne parlerai pas ici.  Possible, soit… mais bon!

 

Mais savez-vous quoi?  Le reste du bouquin était tellement bien que j’ai très très facilement passé par dessus ce qui était pour moi des incohérences (et qui sont clairement là pour servir l’histoire) pour me concentrer sur le cheminement et le vécu de Lili et de son entourage, qui m’ont tous fait vivre beaucoup d’émotions. 

 

Et ça, c’est un signe, je dis!

 

Je conseille!

 

Québec pas en septembre

8 Commentaires

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  1. Intéressant ! et je pense que pour des non professionnels, les incohérences passeraient totalement inaperçues.

    1. Liliba: Oui, probablement!

  2. Comme Liliba : si on n’y connait rien, on peut parfaitement se satisfaire du traitement imparfait de Lili. je viens justement de lire un roman québecois pour ados (spirit Lake) qui ne m’a pas complètement convaincue. Par contre cet éditeur, je ne sais pas si on le trouve facilement en France.

    1. Sandrine:  Je ne sais pas pour les éditions de Mortagne… j’espère!  Je ne connais pas du tout Spirit Lake… c’est chez qui??

  3. Il a l’air vraiment bien ce roman et ce thème doit pouvoir aider les ados !

    1. Manu: Oui je pense.  Cette collection a clairement ce but, mais les romans sont très bien, divertissants et pas preachy du tout!

  4. J’avais adoré Ma vie ne sait pas plonger de cette auteure (mais ce n’est pas gai). 

    1. Valérie: Je ne connais pas du tout… vais fouiner!

  1. […] En romans pour ados… – Le poids du mensonge – Emilie Turgeon (la suite de « Ce qui ne tue pas« ) […]

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