Brooklyn – Colm Tóibín

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Pour la petite histoire, je l’ai sorti de ma pile par la faute de Sandrine et de son défi « L’Europe des écrivains », en rapport avec une nouvelle émission d’Arte.  Je ne crois pas pouvoir suivre tout le programme de lectures communes mais je me suis laissée tenter par celle-ci et j’ai drôlement bien fait car j’aurais pu passer à côté d’un très beau roman.

 

Brooklyn commence donc en Irlande, après la seconde guerre mondiale.  Eilis Lacey habite un petit village où les perspectives sont très limitées et un jour, elle se voit offrir l’opportunité de traverser l’océan, vers le nouveau monde, à Brooklyn où tout est possible.  C’est son histoire qui nous est racontée dans ce roman qui traite à la fois du passage à l’âge adulte et de l’expatriation, de façon poignante et réaliste.

 

Dans les quelques mois qui constituent ce roman, Eilis va grandir.  Pas le choix.  Elle se retrouve employée sur le plancher d’un magasin, pensionnaire d’une maison de chambres où elle n’a pas vraiment d’affinités avec les colocataires et elle croit même tomber amoureuse.  Tout ça en l’ayant décidé, mais sous l’inflluence de sa grande soeur Rose, qui a tout fait pour lui donner cette chance.  Ce n’est jamais larmoyant, jamais un grand pathos mais on ressent fortement ce sentiment d’être étranger, autant dans sa terre d’accueil que dans son pays d’origine.  Ces racines qui tardent à pousser, ces deux vies parallèles qui se créent, qui semblent une bulle de rêve dès qu’on la quitte.  Et ce flottement, cette absence d’ancrage (de même que les tentatives d’ancrages), on le ressent tout au long du roman.

 

De plus, passage à l’âge adulte, c’est la perte de l’insouciance, c’est faire face à ses choix, à ses décisions.  C’est assumer.  Même quand ça déchire.   Et à travers sa prose tranquille, Colm Tóibín rend terriblement vivante cette jeune Eilis, jeune fille normale sous tous rapports, calme extérieurement mais chez qui tout bouillonne en dedans.  Ses réflexions, ses regrets, ses peines… sa vie intérieure, quoi, nous est livrée de façon magistrale.  On vibre avec elle, on les ressent, ces sentiments, cette excitation, ces désespoirs.  Les personnages sont bien croqués, même s’ils n’ont rien de fantasque.  C’est une vie, une vraie, avec ce qu’elle comporte d’éléments réjouissants et de moments anti-climatiques.   Personne de parfait, juste des gens terriblement humains. 

 

Le tout sans compter une bien jolie visite d’un Brooklyn qui n’existe plus.  Un roman juste et beau.  J’ai vraiment aimé.  

 

Une belle découverte.  Je veux tout lire de l’auteur, maintenant!

26 Commentaires

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    • Bianca sur 06/11/2013 à 06:18

    J’ai déjà noté ce titre et j’espère être aussi séduite que toi,  tu en parles joliment en tout cas

    1. Bianca: J’espère qu’il te plaira, alors!

  1. Tu as fait un très bon choix on dirait, en tout cas je note ce roman tout de suite. Malheureusement, ma découverte d’Edna O’Brien s’est beaucoup plus mal passée, elle s’est même soldée par un abandon… je suis déçue car j’aime d’habitude la littérature irlandaise.

  2. Tu as eu plus de chance que moi avec ce roman.
    Pour ma part, j’ai été très déçu. J’ai trouvé tout ça très gentillet, mais surtout très manichéen. A croire qu’on n’ pas lu le même livre 

    1. In Cold Blog: Manichéen, réellement?  Au contraire, j’ai trouvé que tous les personnages avaient leurs bons côtés et leurs mauvais… aucun n’était parfait.  Et j’ai beaucoup aimé le côté doux-amer de la fin…

  3. J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman aussi… J’ai l’impression d’avoir connu Brooklyn dans les années 50 depuis que je l’ai lu ! (et la petite ville d’Irlande, et la traversée en bateau !)

    1. Kathel: Tout à fait… on s’y croirait!

  4. Je vais le noter. Il y a trop longtemps que tu n’avais été une vile tentatrice.

    Le Papou

    PS: Colm quel drôle de prénom ?

    1. Le Papou: Tu veux donc dire que rien ne te tentait chez moi depuis un moment??  Tsssss » :)))

  5. Un roman que j’ai beaucoup apprécié aussi, en grande partie pour ce qui est dit de ce sentiment d’exil, ne n’être pas encore d’un côté, et plus de l’autre. La seconde et dernière partie du roman est celle que j’ai préférée, à cause des choix qui auraient pu être faits … Il y a des moments drôles aussi comme le début de la vente des collants de couleur aux femmes … de couleur, et l’assayage des maillots de bain …

    1. Athalie: Je crois que l’auteur a bien réussi à dépeindre plusieurs moments de vie.  Certains drôles, d’autres poignants et d’autres enfin désespérants.  On sent la jeunesse, l’inexpérience, les choix rapides et tout… mais j’ai trouvé ça d’une terrible humanité.

    • Anne sur 06/11/2013 à 08:08

    Depuis très longtemps, « La bruyère incendiée » traîne dans ma PAL et je me suis retenue d’acheter autre chose, de peur de ne pas aimer. Mais… j’ai l’impression que je vais aimer ! Je n’aurais pas pu être au rendez-vous irlandais aujourd’hui, mais je crois être là la semaine prochaine pour l’Italie !

    1. Anne: Ca fait plusieurs personnes qui me recommandent cette bruyère… du coup, je deviens curieuse!

  6. Il me semble que j’avais noté quelque chose de Colm Tóibín, mais je ne le retrouve plus… Son nom me dit vraiment quelque chose. En tout cas je note celui-là!

    1. Geneviève: Ca m’a vraiment beaucoup plu.  Le personnage a une vie intérieure incroyable.

  7. Tu me donnes envie de découvrir ce Brooklyn-çi.

    1. Alex: N’hésite pas!

  8. Du même auteur, je te recommande vivement La bruyère incendiée – un bijou.

    1. Lewerentz: Je note donc avec avidité!

  9. Un roman que j’ai beaucoup apprécié. Toibin décrit tellement bien la vie intérieure de son personnage, on la sent bouillir Eillis. On vit aussi son évolution, on fait tout le chemin avec elle.

    Je ne sais pas ce que tu as pensé de cette fin. Elle m’a laissée perplexe à cause du choix fait… Et punaise qu’est ce que j’aurais aimé savoir ce qui se passe après encore ^^

    1. C’era una volta: Et moi donc!  J’aurais vraiment aimé savoir comment ça va aller… Pour le choix, je pense qu’il est nécessaire de se remettre en contexte pour bien l’assumer… l’époque, le lieu… mais j’ai adoré ce côté doux-amer.

    • Manu sur 14/11/2013 à 08:56

    Un roman que j’ai beaucoup aimé moi aussi.

    1. Manu: Pourquoi est-ce que je ne suis pas surprise?

  10. Je découvre ce roman grâce à toi, je l’ai noté. Peux-tu me dire son année de parution ?

    1. Argali: Hmmmm… attends, je retrouve mon roman… 2009!  Bizarrement, je pensais que ça datait davantage!

  11. oh chouette un roman irmandais, bon presque quasi… et qui a l’air tout bon en plus 🙂 ntons, notons 🙂

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