Arcadie – Emmanuelle Bayamack-Tam

Attention, je vous préviens, ce billet n’aura ni queue ni tête. En fait, je l’ai refermé il y a quelques jours et je ne sais toujours pas ce que j’en pense. Ce n’est pas un roman que j’ai dévoré, j’ai trouvé ça long par moments, mais il m’a clairement dérangée et fait réfléchir a posteriori. Ça doit vouloir dire quelque chose, non?

C’est donc l’histoire d’une utopie. Farah, l’héroïne, est arrivée à Liberty House à six ans et elle y habite, libre comme l’air, en compagnie d’éclopés de la vie de tous âges. La communauté a comme chef spirituel Arcady, un cinquantenaire à la sexualité libérée. La mère de Farah, Bichette, est électrosensible et elle devait vivre en zone blanche, ce qui a poussé la famille à s’installer à Liberty House, avec sa grand-mère LGBT (sic… sérieux, ça veut dire quelque chose ça?) et sa copine. Arcady prône l’amour universel, l’acceptation de soi et la liberté d’être soi-même. Ils vivent en autarcie, en appliquant les grands principes tels l’amour libre et l’antispécisme, ce qui implique que les enfants sont un peu laissés à eux-mêmes, sont exposés à nombre d’adultes nus ainsi qu’à des relations sexuelles de tous genres. Puis, un jour, Farah va être confrontée aux limites de la bienveillance de leur petite société et son regard entier d’adolescente ne va pas pouvoir l’accepter.

Ah oui! Farah a aussi un passage à l’adolescence particulier. Elle est extérieurement une fille mais après un début de puberté féminine, son corps tend à se masculiniser. Ce thème sous-tend tout le roman. Qu’est-ce qu’être une femme, un homme. Est-ce si important de se définir par un seul mot?

J’ai aimé la plume poétique, la façon qu’a l’auteure d’amener son lecteur à réfléchir, à teinter son regard de zone de gris et de laisser de côté ses propres croyances pour tenter de voir les choses autrement. Farah un regard très critique sur la micro-société, tout en croyant profondément aux valeurs véhiculées. Elle relève les incohérences, les excès, a une vision de la vie et des choses complètement différente, tout en se permettant aussi des jugements parfois plein de préjugés, à sa manière propre. Le passage à l’âge adulte, avec ce que ça implique de remise en question sans repères sociaux, est aussi très bien exploré.

Et j’ai parlé des références littéraires? Elles sont partout et j’ai adoré les retrouver ici et là. J’adore repérer ces clins d’oeil. Ça me donne l’impression que l’auteure nous fait un petit cadeau à chaque fois quand on sait les reconnaître.

Après tant de louanges, pourquoi pas plus d’enthousiasme? Je ne sais même pas, en fait. Ce n’est pas preachy, les opinions ne sont pas martelées, je n’ai pas eu l’impression qu’on essayait de me convaincre. J’ai aimé le côté ambigu. Certains éléments sont fort dérangeants, certes, notamment les relations parent-enfant et la relation au sexe, mais je ne crois pas que ce soit ce qui m’a dérangée, même si le consentement est plutôt… particulier. Des longueurs, peut-être. Des répétitions. Toujours est-il que j’aimais ma lecture quand j’étais dedans, mais que je devais à chaque fois me botter le derrière pour m’y remettre après une pause.

Je vous l’avais dit que mon billet ne voudrait absolument rien dire hein? C’est dans ce temps-là, quand je me relis, que je me demande pourquoi je m’obstine à tenter de parler de livres sur ce blog. Bref… à vous de voir!

14 Commentaires

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  1. Il y a des livres comme ceux-là, dont on ne sait pas quoi penser exactement sur le coup. A lire ton billet, je dirais que quelque chose t’a gênée, mais que tu ne mets pas le doigt dessus pour le moment. Ça s’éclairera peut-être plus tard.

    1. Oui, il y a quelque chose qui m’a gênée. Le rapport enfant-adulte… je ne sais trop. Peut-être qu’un jour ça s’éclairera.

  2. En tout cas j’ai bien aimé découvrir l’auteur ainsi, original!

    1. Ah oui, c’est original. Mais je pense que j’ai du mal avec l’idée de fond, en fait. Je manque peut-être d’ouverture sur certains sujets, notamment quand ça traite d’éducation des enfants.

  3. Moi, je n’ai pas du tout aimé ce roman… et l’ai abandonné. Ce trop plein de bizarreries ne m’a pas plu, les thèmes m’ont semblé trop nombreux et survolés, mais cet avis ne repose que sur une petite moitié du roman ! 😉

    1. Il se passait quelque chose, au début du roman? Me semble que ça s’emballe vers la fin.

  4. Une lecture intéressante, mais qui comme toi, m’a laissé dubitative.

    1. Mettons que ça m’a fait réfléchir… même si je ne suis pas complètement convaincue.

  5. Je ne suis pas sûre que j’apprécierais ce roman, vu tous ces avis très mitigés.

    1. Certains ont été émerveillés, hein… c’est moi qui suis restée un peu dubitative.

  6. J’ai beaucoup aimé moi… Toutes ces peurs d’aujourd’hui cristallisées et emballées dans une utopie trop belle pour être vraie au sens propre. Je.crois que c’est l’ambiguïté qui m’a accrochée, l’absence de jugement mais avec ironie… Par contre Je n’ai pas vraiment eu l’impression que l’identité sexuelle était le theme principal comme quoi…
    http://chezyueyin.org/blog/?p=7321

    1. Ah oui, pour être ambigü, ce l’est! Pour moi, il y avait deux thèmes l’utopie et l’identité de genre (ou son absence)… je vais aller lire ton billet mais je ne suis pas du tout surprise que tu aies autant aimé.

  7. Moi c’est tout vu… j’ai très envie de le lire après ton billet !

    1. Ah ben ça, c’est tant mieux. C’est un roman qui mérite d’être découvert. Il va diviser mais ça vaut le coup d’essayer selon moi.

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