Tu aimeras ce que tu as tué – Kevin Lambert

C’est ma collègue Émilie qui m’a parlé de ce roman.  Elle m’avait bien avertie : c’est spécial!  Et oui, ce l’est.  Un roman qui parle de l’enfance mais sans la voix de l’enfant.  La prophétie de la fin annoncée de Chicoutimi, des enfants qui meurent atrocement… et qui reviennent se venger.  On navigue entre réalisme et détours un peu fantasmagoriques, on se demande où on est rendus, on reçoit une bonne claque… et on referme le livre un peu essouflé.

 

Dans mon cas, la deuxième partie de la claque, c’est qu’à environ la moitié du livre, j’ai eu un souvenir.  Des amis, le Mont-Édouard, une copine à moi qui faisait du snow avec une perruque verte pour motiver un peu le fils de son chum de l’époque, qui ne trippait pas pantoute sur les pentes ce jour-là.  Et je me suis souvenue de son nom.  Kevin Lambert.  Le quartier décrit, les noms… tout fitte.  Je l’ai donc connu alors qu’il avait 6-7 ans.  Bon pas beaucoup, mais quand même.  Disons que ça ne me rajeunit pas!

 

Mais revenons au roman.  Le narrateur, Faldistoire, a des comptes à régler avec Chicoutimi (yep, l’endroit où j’habite… du moins, juste à côté).  Il a en horreur la morale bourgeoise étriquée, l’homophobie et la xénophonie des quartiers ainsi que la bien-pensance ambiante.  C’est la fin de ce monde-là qui est prophétisée ici.  C’est aussi la fin de l’enfance, de sa naïveté, de ses illusions.  La voix est dure, haineuse, souvent cynique.  À Chicoutimi, les enfants meurent de morts atroces (et bon… originales, avouons-le).  Sauf qu’ils ne restent pas morts.  Le narrateur veut voir mourir cette ville, symbole de ses souffrances.

 

C’est profondément original et ça laisse sur le c…   Entendons-nous.  Moi, j’aime mon coin.  J’y ai toujours été heureuse.  Maid ça ne m’a pas empêchée d’apprécier cette claque dans la face des valeurs étriquées, appliquée avec un juste mélange de vécu et de fantastique.

 

À tenter… en s’attendant à tout!

14 Commentaires

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  1. Ouh la, pas pour moi je pense ?

    1. C’est spécial, particulier, littéraire… mais pas pour tous! Par contre, ça frappe. Fort.

  2. Que le monde est petit : tu as connu l’auteur tout minot !

    1. Oui, surtout à Chicoute… le monde est très petit!

  3. D’un côté c’est tentant mais des enfants qui meurent atrocement gasp 🙂

    1. Ouais, ya ça… mais bon… je suis curieuse de savoir ce que tu en penserais.

  4. Je ne connais pas Chicoutimi mais ça pourrait parler de toutes les petites villes (sauf pour les morts par déblayeuse de neige 🙂 ).
    Passé le style qui n’est pas ce que j’aime habituellement, trop sec à mon goût, qui m’a demandé un temps d’adaptation, j’ai bien aimé la critique de la morale petite bourgeoise même si j’ai trouvé le rythme assez frénétique dû au fait que c’est un roman assez court. Mais le côté délirant passe bien, je trouve. C’est un bon premier roman à mon avis.
    (Et puis, dans le Poitou, on n’a pas de neige, mais on a des mots en commun avec vous).

    1. Ah oui, c’est impressionnant comme prise de risque pour un premier roman. Et j’aime plutôt ce genre de rythme, surtout dans ce cas. Mais bon, j’avoue que c’est assez loin de ton type d’écriture favorite. Genre… l’auteur est vivant et n’écrit pas en ancien-machin ou en elfique ou en arbrique!!! :)))

  5. Un règlement de compte, donc.
    Je ne connais pas mais si je le croise, je me laisserai tenter.

    1. Oui, un règlement de compte, mais un qui détonne!

  6. On peut dire que tu sais donner l’eau à la bouche. Je crois que ça pourrait me plaire!

    1. Je suis hyper curieuse de voir ce que tu vas en penser.

  7. J’ai,du mal avec le « spécial » …je pese que ce n’est pas pour moi.

    1. Dans ce cas-ci, il faut aimer le spécial!

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