Enthéos – Julie Gravel-Richard

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« Taciturne et misanthrope, Thomas a perdu la foi mais il ne réussit pas à perdre espoir, à faire table rase du passé.  Poursuivi la nuit par des cauchemars où se profile la Grande Courtinane, surnageant le jour entre ses cours de grec ancien et la lecture des Nourritures terrestres, Thomas essaie de se réinventer en se reniant.  Tiraillé entre sa raison et ses passions, il repousse toujours plus loin la coupe de sang qui lui est tendue.  Ce sang qui tapisse les murs de ses souvenirs et qui le hante. 

Commentaire
Quand j’ai ouvert ce livre, j’étais un peu nerveuse.  Pourquoi?  Parce que l’auteure (mieux connue dans la blogosphère sous le nom de Danaée) est une blogueuse que j’aime beaucoup lire et que j’ai eu le plaisir de rencontrer il y a quelques mois et que je m’étais résolue d’avance à dire la vérité au sujet de son roman.  Bon, en fait, non.  Je m’étais dit que si j’aimais bien, si je trouvais ça juste « pas pire » ou si j’étais mitigée, je dirais la vérité.  Mais que si je ne trouvais absolument rien de bon à en dire, je me contenterais de faire ma « chicken » et de passer ma lecture sous silence plutôt que de démolir complètement le truc.  Pas question de mentir sur mon blog (ce serait un peu ridicule comme procédé) mais il y a quand même des limites!

Heureusement, je n’ai même pas eu besoin de me poser la question.  En fait, après 15 pages, une fois entrée dans les mots et le rythme des phrases courtes et hachées, je savais que je publierais un billet sur le livre et après 60 pages, je me doutais qu’il y aurait des petits coeurs en haut.  En fait, j’ai adoré ça.  Littéralement. 

Tout d’abord, le cadre avait tout pour me plaire.  Le milieu universitaire, plus précisément le petit cercle fermé d’un département d’études classiques, où les personnages discutent quotidiennement d’Euripide ou de l’Apocalypse de St-Jean, est un contexte qui m’interpelle beaucoup.  À lire certains échanges, je n’ai pu que me remémorer certaines discussions enflammées (où j’étais plus spectatrice qu’actrice, faute de connaissances et de références suffisantes) qui ont longtemps fait partie de mon quotidien.  L’auteure réussit à travers ses mots à nous faire pénétrer dans ce monde bien particulier de joutes verbales constitué de gens pour qui penser est un mode de vie.  On ressent aussi le vieux Québec avec ses quatre saisons, ses rues et ses ambiances.  Et… ai-je bien deviné de quelle est la librairie préférée sur la rue St-Jean?? 😉

Cette atmosphère sert de décor à Thomas qui cherche à fuir, à se fuir probablement.   Il lutte contre ses passions et ses sentiments pour ne plus ressentir.  Thomas, qui a tourné le dos à la théologie, sa passion première ainsi qu’à Montréal pour se reconstruire ailleurs.  Pour tourner définitivement le dos au passé.  Et à travers sa recherche de soi, son apocalypse personnelle, il nous entraîne dans ses questionnements sur la foi, sur dieu, sur le bonheur, le deuil et l’acceptation.  J’aime énormément quand un roman m’amène à me questionner et c’est ce qui est arrivé ici.  Et ce même si je suis loin ce que qu’on considère comme une personne « religieuse » au départ! 

 

On voit venir les événements, on se doute bien de ce qui cause tous ces cauchemars mais chaque chose est révélée en son temps, souvent par un mot ou une phrase qui explique tout.  Bref, une excellente surprise pour moi, je suis ravie de ma lecture. 

Par contre, j’espérais vraiment, mais alors vraiment trouver le glossaire sur le site de septentrion… parce que j’avoue que certains trucs m’ont un peu perdue, en particulier les rêves de Thomas, truffés de symboles que j’avoue ne pas déchiffrer comme il le mériteraient!!!   Et à propos d’un truc en particulier, je n’ai que des hypothèses… et je ne sais trop laquelle choisir!

Une excellente surprise, donc!

9/10

23 Commentaires

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  1. Moi aussi j’ai cherché le glossaire mais Julie m’a dit que Septentrion devrait bientôt le mettre en ligne. Pour Enthéos,j’ai ressenti la même chose que toi, surtout au niveau des questionnements. Une très belle réussite !

  2. Karine, le glossaire est sur le site de Hamac. Je te le dis car je ne comprends pas vraiment si tu l’as trouvé ou non. Ta critique est très sympathique, et pareille à toi-même, tu ne dévoiles pas l’intrigue comme certains journalistes le font. Je ne comprends pas cette manie qu’ils ont. Nous devrions leur faire sentir que ça nous dérange.

  3. Audrey: On peut dire que Julie réussit à nous faire nous creuser la cervelle!!! Je suis allée lire ton bilet et j’admets qu’il y a plusieurs points communs dans nos ressentis!! Venise: Haaaa ok… quand je suis allée voir, il n’y était pas encore! Je n’ai pas lu l’article du Devoir mais dans les « vrais » journaux, j’ai noté que ça arrive souvent de lire carrément l’intrigue dans les critiques. J’ai presque cessé de les lire pour cette raison.

  4. Oh, wow! Ce n’est pas sans fierté que je vois le 9/10! Mon dieu… Moi aussi, ça me stressait d’être critiquée à ma « juste » valeur par les blogueurs-euses que je connais ou que je lis et qui me lisent… La situation est délicate. Je suis donc contente que tu sois soulagée! Je ne dis pas que mon livre plaira à tout le monde, mais jusqu’à présent, je me réjouis de voir que plusieurs ont aimé leur lecture. Pour le glossaire, Venise, je suis contente de savoir que c’est enfin réglé. Je ne sais pas ce qui s’est passé… un oubli? Karine, c’est super de voir que mon histoire t’a plu! Je réalise tranquillement, à lire les divers commentaires qui commencent à sortir ici et là, que mon histoire et mes personnages ont une autre vie dans l’imaginaire des lecteurs. C’est fascinant pour un auteur!

  5. Je reviens afin de vous donner l’emplacement précis du glossaire, pas nécessairement facile à trouver, il y a un lien cliquable juste au dessus de la vidéo.

  6. Tu me tentes avec ton billet ! On ne le trouve qu’au Quebec ce livre ou il est disponible en Europe?

  7. Danaée: Oui, j’avoue que le fait d’avoir adoré a de beaucoup fait baisser mon stress!!! Et il m’a été difficile de lâcher tout de suite les personnages après avoir fermé le livre… je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser. Vraiment, j’ai adoré! Venise: Merci! Je vais aller voir ça dès ce soir!!! Manu: Ravie de te tenter! Il est sorti au Québec il y a deux semaines, je crois… je ne sais pas s’il est distribué en Europe mais il y a moyen de commander directement de l’éditeur (Septentrion) si je ne m’abuse.

  8. Merci pour ce billet Karine!

  9. Eric: Ben… ya pas de quoi! Il est sincère, ce billet!

  10. Mmmmmmmmmmm ça m’intéresse !

  11. Cécile: Pour ma part, j’ai adoré. C’est l’un de mes gros coups de coeur cette année! J’aime quand un livre me force à me creuser le coco!

  12. « Le milieu universitaire, plus précisément le petit cercle fermé d’un département d’études classiques » dit comme ça, ça me fait penser au « Maître des illusions ». Même le visage sur la couverture m’y fait penser (en tout cas à mon édition). Tu me tentes avec ce billet. Peut-être lors de ma prochaine sortie librairie…

  13. Marguerite: L’intrigue est totalement différente… mais certaines discussions m’ont aussi rappelé des passages de ce livre. J’ai vraiment beaucoup aimé… et je vais t’encourager dans le vice en te disant de lire sans hésiter! ;))

  14. Ah la la ! Ce roman était dans ma PAL depuis un moment et j’ai attendu le dernier moment pour le lire pour la Recrue (je l’ai fini ce matin, je viens de rédiger le billet qui sera publié demain !). J’ai eu un vrai coup de coeur pour l’écriture de Julie ! Je trouve qu’elle donne un rythme qui colle parfaitement. Et tu sais quoi ? Je suis déjà allée dans la librairie préférée de Thomas, rue Saint-Jean !!! Yeah baby !!!

  15. Caro[line]: Contente que mon coup de coeur soit partagé! Je l’offre à tout le monde depuis que je l’ai lu (et c’est même pas une joke, Fashion pourra en témoigner!!!) Toi aussi, tu as reconnu la fameuse « librairie préférée »?? :))

  16. Of course que j’ai reconnu la librairie préférée !! (En même temps, c’est la seule librairie que je connais dans la rue Saint-Jean ! Il y en a peut-être d’autres mais je n’y suis pas allée. Alors que celle-ci, j’y suis allée. J’ai demandé : « Je souhaiterais parler à Eric. » sans qu’il me connaisse !!! Même pas peur !)

  17. Caro[line]: Pourquoi je ne suis pas étonnée que tu aies demandé ça!!! 😉 C’est le genre de chose qui me fait perdre mes moyens!!! Mais venant de notre groupie littéraire et librairesque internationale… même pas surprise que tu n’aies même pas eu peur!!!

  18. Bah attends, Jules n’arrêtait pas de parler de son libraire préféré : il fallait bien que je le rencontre ! Après tous ces kilomètres que j’avais fait. 🙂

  19. Caro[line]: J’avoue, j’avoue!!! Mais bon, je ne sais pas si j’aurais eu le guts d’aller voir ton libraire chouchou si je n’avais pas eu la bande des LCA parisiennes avec moi!!!

  20. Je l’ai fini hier : j’ai dévoré ce roman. Une petite pépite pour moi.

  21. Leiloona: Je suis contente que tu aies aimé.  C’est un livre que j’ai énormément apprécié aussi!!

  22. Quelle belle découverte! Un coup de coeur pour moi aussi!

    1. Amiedeplume: Je suis ravie que ça t’ait plu autant qu’à moi!!

  1. […] mais que j’adore comme fille), Julie Gravel-Richard (qui a écrit le magnifique Enthéos – d’ailleurs nominé pour Québec-o-trésors), Venise (grande lectrice de littérature […]

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