Une saison dans la vie d’Emmanuel – Marie-Claire Blais

Saison.jpg Résumé
L’histoire d’une famille pauvre comptant 16 enfants et vivant sur une ferme, dans les années 1940-50.   Nous y rencontrons une grand-mère omniprésente, un père rustre et une mère absente et épuisée par les grossesses et les travaux de la ferme.   Il s’agit de la première saison d’Emmanuel, bébé naissant et de la dernière de Jean Le Maigre, son frère aîné.  

Commentaire
Contexte numéro 1: Ce livre a été écrit dans les années 60, en pleine révolution tranquille.  J’imagine donc que dans ce contexte, il était plutôt « coup de poing » comme roman.  Ça doit être le cas pour qu’il ait traversé ainsi les années.  Personnellement, si je n’ai pas détesté sa lecture, elle ne m’a pas non plus marquée ou jetée par terre. 

Commentaire numéro 2: J’ai lu ce livre à ce moment précis parce que la fille de ma collègue, en secondaire 1 (donc, à l’âge vénérable de 12 ans), avait ce livre comme lecture obligatoire.  La jeune fille n’y comprenant pas grand chose, sa mère, n’étant pas particulièrement fan de lecture, m’en a parlé et m’a demandé d’en discuter avec elle, sans lui donner les réponses toutes cuites dans le bec, bien sur!.  Pourquoi pas!  J’aime toujours parler bouquins. 

J’ai terminé le livre.  Et la première question qui me brûle les lèvres est la suivante: même si c’est un classique de la littérature québécoise de l’époque, pouvez-vous bien me dire pourquoi ils mettent ce livre comme livre obligatoire pour des jeunes de 12 ans??  Je ne suis pas prude, loin de là.  Il n’y a rien dans ce livre qui m’a choquée.  J’ai lu plus « hard » déjà.  Mais quand même.  On y parle quand même d’une famille où les frères adolescents ou préadolescents ont « ben du fun » à quatre dans leur lit, où les frères du monastères s’amusent avec les jeunes novices (désolée pour le « parler en paraboles »… je ne veux pas de drôles de google-visiteurs ici en utilisant les termes qui seraient appropriés!) et j’en passe.  Je sais que les jeunes de nos jours en ont vu d’autres.  Mais ici, comme tout est clair mais tout de même suggéré, ça n’a même pas l’avantage (pour eux) d’être clair!   La petite demoiselle de 12 ans avait retenu de ce livre « que les enfants étaient vraiment sales et dégueulasses et que les usines à chaussures étaient dangereuses ».  Ca donne une idée!

Bon… retour au sujet!  Si à 12 ans j’aurais trouvé ça vraiment pénible, ça n’a quand même pas été le cas ici.  En fait, j’ai plutôt aimé la première partie du roman.  Le Septième, et surtout Jean Le Maigre, adolescent doué et poètes, sont deux personnages auxquels je me suis attachée et dont j’ai bien aimé lire les aventures.  Les passages du journal de Jean sont mes favoris.  Sa personnalité joviale, un peu exaltée malgré sa maladie (il est tuberculeux) et son contexte difficile m’a plu. J’ai beaucoup moins apprécié la fin du roman, que j’ai trouvée plus fade.   J’aime bien la grand-mère Antoinette, qui fait ce qu’elle peut pour survivre et rester forte dans la tourmente quotidienne.  

On y parle donc du destin des enfants d’une famille pauvre.  Des enfants qui meurent souvent en très bas âge, ce que l’on trouve normal.  Des enfants qui n’ont pas beaucoup de chance, pas beaucoup d’opportunités non plus.  Cette réalité est bien dépeinte et on sent le poids du quotidien dans toutes les pages.  Poids que le personnage de Jean parvient à rendre plus léger au début du livre.  La narration alterne d’Emmanuel, à Jean, à un narrateur omniscient et les transitions s’effectuent fluidement.   Les mots sont forts, justes.

Un bon moment de lecture, jusqu’aux 2/3 du roman environ… par contre, je ne sais trop ce qu’il m’en restera à long terme… Peut-être parce qu’il s’agit, justement, du récit d’une saison…  

7/10      

19 Commentaires

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  1. 16 enfants !!!

  2. je passe ce classique de la littérature québécoise

  3. Ouye, ça me ramène loin en arrière, puisque moi aussi je l’avais eu en lecture obligatoire au secondaire. J’avoue que je ne me souvenais pas du tout de l’histoire, mais d’après ce que tu en dis, je suis contente que c’était plutôt en secondaire IV ou V! À 12 ans je n’aurais pas du tout été prête à lire ce genre de truc. Je veux bien croire que les adolescents d’aujourd’hui sont plus précoces que nous l’étions, mais tout de même! À 12 ans j’avais à peine dépassé le stade Comtesse de Ségur…

  4. j’ai certes envie de découvrir la littérature québécoise, mais je passe mon tour !

  5. Etonnant effectivement, au vu de ce que tu dis, que l’on fasse lire cela à de jeunes ados…

  6. Beaucoup de choix de « lectures scolaires obligatoires » m’ont aussi interpellée quand mes « petits » (2 m’ont suffit à moi!)étaient au collège ou Lycée. Mais peut-être suis-je incapable de comprendre les mystères obscurs de l’éducation nationale!

  7. Assez spécial à faire lire à des jeunes… après on s’étonnera que les lectures scolaires les dégoutent, et que les jeunes ne lisent pas.

  8. je ne suis pas très tentée par celui-là et je me demande bien quels intérêts a-t-on à le faire lire à des ados ? Que veulent-ils leur montrer à travers ce livre?

  9. Cathulu: Ben tu sais, dans ce temps-là, au Québec, monsieur le curé chicanait ben gros les femmes qui se « refusaient au devoir conjugal » et qui n’avaient pas un enfant par année. Ca fait que yen avait, des enfants! Stéphanie: Nos classique sont, pour la plupart, vraiment réjouissants, n’est-ce pas!!! 😉 Grominou: A 12 ans, je suis certaine que 1) je n’aurais rien compris et 2)j’aurais trouvé que c’était une gang de dégueulasses!!! Imagine-moi à essayer d’expliquer le tout à la jeune fille de 12 ans!!! Emeraude: Je vais bien trouver quelque chose en littérature québécoise qui va te tenter un jour! 😉 Bladelor: En effet, c’est peut-être moi qui est arrièrée, mais je trouve que ça n’a aucun bon sens! Anne: C’est surprenant, en effet… Quels sont ces choix qui t’ont surpris chez tes petits?? Fleur: C’est un peu ma réflexion à moi aussi… je ne crois pas que ce soit le bon moyen pour faire aimer la lecture. Mais bon, je ne suis pas prof à ce niveau! Goelen: Probablement leur faire connaître l’histoire du Québec… mais ils pourraient attendre un p’tit peu pour ce livre, me semble!

  10. Pour moi, le choix d’une prof de français d’un livre de Mary Higgings Clark pour mon fils est le pire!

  11. Ah, les livres des listes scolaires !! On y a droit tous les mercredis à la bibliothèque et les titres évoluent peu d’année en année.

  12. Et il a été sélectionné au combat des livres de Christiane Charette à la radio de Radio-Can… http://www.radio-canada.ca/radio/christiane/Combat2008/index.shtml J’ai bien hâte de voir comment il sera défendu par Serge Denoncourt!! Pour ma part, j’ai choisi de lire Le monde de Barney… àl a page 30, c’est toujours pas fameux!

  13. Je n’ai pas lue Marie-Claire Blais mais ça l’air de ressembler à pas mal de livres « du terroir québécois » où l’action se passe en campagne. J’en ai lu beaucoup au cégep et à l’université… erf ! Ce n’est pas que j’aime pas ça : un ça va mais plusieurs là c’est … EEERFFFF !!! XD

  14. Anne: Moi j’ai eu « Loves music, loves to dance » du même auteur à lire en anglais au secondaire 4-5… C’est vrai que c’est un peu bizarre comme choix… mais je garde un souvenir pénible du Porche du mystère de la seconde vertu que j’ai dû me taper à 15 ans!!! Flo: En effet.. mais ça doit vraiment être difficile de plaire à tous. Il doit certainement y avoir un moyen! Jules: Haaaaaaaa j’ai hâte de voir ce que ça va donner. Le seul qui m’intéresse dans la liste est « La logeuse » d’Éric Dupont. J’ai beaucoup aimé « Voleurs de sucre », du même auteur.

  15. Ilmariel: Je fais un gros effort pour redécouvrir nos « classiques » québécois du terroir… et j’avoue que j’ai du mal. J’ai peu d’affinités, en fait. Celui-ci a une « pas pire » note parce que j’ai bien aimé le personnage de Jean et que la plume de l’auteure est variée et agréable. Mais bon… ce n’est pas ma tasse de thé, je crois. Si quelqu’un connaît un « classique québécois » qui est génial, me faire signe, SVP!!!

  16. D’autant plus surprenant qu’il ait été choisi pour le Combat des livres ! Serge Denoncourt devait pas avoir 12 ans quand il l’a lu ! Je connais pas plusieurs classiques québécois mais les Gabrielle Roy,j’aime beaucoup et « La détresse et l’enchantement » j’adore ! Un autre qui fait partie du combat d’ailleurs. C’est affligeant car ainsi, les profs n’aident pas les enfants à aimer la lecture sans image !

  17. Ma bibliothèque a mis la littérature québécoise à l’honneur ce mois ci et devines ce que j’ai vu en présentoir…héhé. J’ai immédiatement tilté en pensant à toi. Par contre, je n’ai pas cédé à la tentation. Il faut dire que juste à côté, il y avait La traduction est une histoire d’amour de Jacques Poulin et entre les livres de Jacques et moi c’est aussi une histoire d’amour.

  18. Venise: Je vais donc noter « La détresse et l’enchantement »! Et oui, c’est un peu désespérant de voir certaines lectures obligatoires. Et après, on se plaint que les enfants ne lisent pas! Chimère: Crois-le ou non, je n’ai jamais lu Jacques Poulin. Il faudra que j’essaie! Je suis réellement inculte en littérature québécoise!

  19. Oh oui, il faut absolument que tu lise du Poulin, en plus ses livres ne sont pas très épais, lire du Poulin c’est comme consommer du chocolat ou des bonbons, ce sont de merveilleux petits moments de bonheur.

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